Émotionnellement vôtre : la peur (épisode 1)

Ça m’arrive de me réveiller en pleine nuit et d’avoir rêvé que quelqu’un autour de moi meurt. Évidemment ce n’est jamais ni mon banquier ni le caissier du Carrefour ni le gros connard qui trouve une place juste devant nos yeux alors que ça fait 15mn qu’on tourne en voiture avec mon mec et qu’on crève la dalle. C’est toujours les personnes les plus importantes de ma vie, les grands médaillés, le Top 10, mon mec, mon frère, ma mère, ma soeur, mon père, ma grand-mère, mon chat… Dans mon rêve, cette personne disparaît, parfois sous mes yeux. C’est terminé, et je suis prise d’une peur panique, d’une peur tellement réelle dans cet espace irréel, je me réveille en sueur, terrifiée, en pleurs, le cœur battant, en ne sachant pas encore clairement à quel monde appartient cette émotion. Certaines émotions naissent dans nos rêves mais n’ont aucun mal à passer les portes de la réalité au réveil. Dans notre cerveau, l’amygdale prend des libertés. La peur est née là-bas, on ne sait pas vraiment où, dans cet état modifié de conscience, et au réveil, on lui fait quitter son monde et on l’emmène dans le nôtre, le vrai, le concret. Si seulement la peur restait de l’autre côté, là où tout a commencé, mais non, elle nous suit jusque dans nos lits. 

Dans un état second de peur, de panique et de frissons, je me réfugie au creux de ceux qui sont à portée de main, mon amoureux (la maison s'écroulerait qu’il ne se réveillerait pas, je peux clairement lui grimper dessus de toutes mes forces) ou mon chat (que je considère clairement à ce moment-là comme une peluche à ma disposition, heureusement elle est habituée since day 1 à sa mère la grande cinglée). Si la personne est loin de moi, je meurs d’envie de l’appeler pour apaiser ma peur viscérale, de lui écrire en pleine nuit pour vérifier que tout va bien. J’hésite de longues minutes dans un demi-sommeil à potentiellement pourrir la nuit d’autrui pour me rassurer d’une situation qui n’a existé que dans ma tête. “Non non Camille, je suis bien sous ma grande Tediber 200x200 et non en train d’être emporté par un tsunami. Tu peux te rendormir”. 

Après la peur panique de la perte d’un proche dans mon cauchemar, j’entre en phase 2, la peur panique de retourner dans le même cauchemar si je me rendors. Comme dans un jeu vidéo, vais-je retourner là où l’histoire s’est arrêtée ? Pitié non. Je revois la scène en boucle, elle revient dans mon esprit comme un traumatisme qui a besoin de s’exprimer pour être accepté. J’ai peur, encore. J’essaye de bloquer les images, de bloquer les pensées, mais si j’essaye de les bloquer, est-ce que je ne pense quand même à elles ? Si je pense à elle, est-ce que je vais reprendre le rêve là où il s’était arrêté, comme une pause dans ma série Netflix ? Je me force à imaginer un autre scénario, j’essaye d’obliger mon cerveau à se brancher sur une autre chaîne, de débrancher Frissons TV pour s’envoyer un grand Gulli. Stp stp stp, fais-moi rêver de Peppa Pig ou des Lapins Crétins. 

Et puis finalement le sommeil est plus fort. L’instinct de survie, aussi. Il faut dormir. On se branche semi-inconsciemment sur autre chose, on sert l’amoureux, le chat, le réconfort dans nos bras. Le sommeil nous rattrape doucement, caché derrière nos paupières, le temps que l’angoisse s’en aille. On ne peut pas lutter. Le cauchemar vs le sommeil, c’est plus de peur que de bataille. 


Quand une débutante passe une semaine au ski avec un semi-pro.

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