Cruising au pays des crozets
J’ai passé une semaine au ski. Méribel-Mottaret, 1750 m d'altitude. Le concept de la station de ski en quelques mots : de la neige, du vin chaud, des peluches marmottes, des fêlés du bocal qui pensent que les pistes bleues sont des pistes d'entraînement pour les Jeux Olympiques 2028 et des enfants avec de la morve au nez à tous les coins de rue.
En arrivant, je savais parfaitement dans quoi je m’embarquais. J’ai skié 3 fois dans ma vie, dont 2 fois dont je ne me souviens même pas parce que j’étais trop petite. Et la dernière fois que j’ai skié adulte, j’ai descendu 10 fois la même minuscule piste PiouPiou pendant 2 jours. Autant vous dire que ma pratique dudit sport était quasi inexistante en posant le pied dans la station.
À cela s’ajoute ma dernière expérience semi-traumatique de la montagne où je suis partie avec une bande de copains snowboarders aguerris. Entre deux frontside 720 et trois double backflip nose grab, ils m’ont proposé de tenter l’expérience fabuleuse de la planche à neige. Contre toute attente à la vue de mes compétences faramineuses en ski, j’ai passé une semaine à faire la feuille morte en transpirant mes morts à l’idée de me péter les deux tibias à la moindre faute de carre.
Pour couronner le tout cette année et partir dans des conditions vraiment optimales, j’étais cette fois-ci accompagnée de mon mec qui est tout simplement passé à ça de finir skieur pro. Quelle chance inouïe qu’il ait refusé le sport-études ski à 11 ans, ça a évité que l’écart de nos skills sur les pistes passe de “gigantesque” à “stratosphérique”. C’était déjà ça de pris. Notre duo pour dévaler Renardeau, Marmotte, Aigle ou encore Gros Tougne (vrai nom de piste j’ai juré) se résumait au tableau suivant : d’un côté, le type le plus rapide des 3 Vallées qui tape des 180 à toute berzingue pour me faire coucou avec une aisance qui laisse à penser que c’est un hologramme, et de l’autre côté, moi, une immense tortue, qui sort ses plus grands virages dans les pentes à plus de 30 degrés en s’excusant auprès des enfants de 4 ans qui actionnent leurs meilleurs dérapages à ma rencontre. Globalement ma progression sur la semaine a uniquement tenu à un élément : la persévérance et la patience légendaire de mon mec qui s’est transformé tous les après-midis en prof particulier.
Après ne nous mentons pas, mon niveau de professionnalisme sur les pistes se résumait à avoir un fou-rire dès qu’on devait prendre le télésiège “Tougnète” et “Tougnète 2”. On n’était d’ailleurs globalement pas très aidés pour garder notre sérieux, les pistes vertes des 3 Vallées (mes préférées) s’appelant aléatoirement “la Truite”, “le Jardin Alpin” ou encore “le Yéti Park” (à l’aide). À titre de comparaison les pistes noires répondent de leur côté à des noms ultra badass comme “la Verticale Expérience”, “le Lac Noir” ou “l'Eclipse”.
Un soir, mon mec est arrivé avec une idée lumineuse : s’inscrire à la course de luge officielle de la station. Quelle brillante proposition. Comme je ne me cassais pas suffisamment la gueule debout dans la journée, pourquoi ne pas tenter de doubler mes vols planés ASSISE ? La réalité c’est que je n’avais jamais fait de vraie course de luge, j’étais donc excitée comme une puce d’aller me rétamer la gueule sur un bout de plastique entourée de centaines de personnes qui fusent à 130 km/h. On a fait une descente à deux : tout simplement un miracle qu’on soit encore en vie. J’ai fait une descente toute seule : c’était visiblement la soirée des miracles car là aussi je m’en suis sortie indemne.
Petit bonus des vacances : les aliments que j’ai le droit de mettre dans mon gosier pour suivre mon régime anti-inflammatoire se comptent sur les doigts de la main. Sont notamment exclus : le gluten (= les crozets), le lactose (= le reblochon), l’alcool (= le vin chaud), le sucre (= les gaufres au Nut). Devinez quoi : je n’ai pas non plus le droit de manger des POMMES DE TERRE. Les cartes de resto se résumant globalement à la montagne à des pommes de terre avec du fromage, des pâtes avec du fromage et du fromage avec du fromage, j’étais royale au bar. Par un mystère qui encore aujourd’hui me dépasse, ils proposaient au premier resto d’altitude où on est allés un poke bowl de saumon au milieu de 15 déclinaisons de tartiflettes et 12 déclinaisons de raclettes. Ensuite on a réussi à trouver un peu partout des gens gentils qui acceptaient de mettre du riz à la place des frites avec ma bavette d’aloyaux, et la boulangerie à côté de la maison proposait un pain sans gluten sur commande. On a réussi à contourner le problème (qui me semblait insurmontable) pendant 8 jours. Trop chouette. Il y a décidément un ange gardien qui veille sur mes assiettes.